Né pour rien
Vingt-quatre février cinquante huit
Dans la nuit de Soissons rumeur s’ébruite
Trois heures trente, un matin de lundi
Je suis né au « un » rue de la Buerie
Pour que le docteur Wolf ma mère accouche
Un verre de gnôle le sort de couche
Le vieux poêle de la pauvre maison
Chauffe mes premiers linges au charbon
La nuit tiède et tendre au coeur de l’hiver
De cette douceur sera la dernière
Tempêtes de neige, glace et froidures
Jusqu’au printemps pourfendront les gerçures
On ne m’attendait pas naître garçon
On m'accorda ainsi un seul prénom
La mère aurait tant voulu une fille
Que toujours m’en dira la peccadille
Car j’avais un aîné un si grand frère
Qu’elle voulait garder dans la lumière
Depuis quatre ans tellement adulé
Que seule une soeur aurait mérité
De la matrice m’avoir fait sortir
Je voudrais ne jamais me souvenir
Même si je suis né pour presque rien
Je combattrai pour m’en faire du bien
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